6 mois et 15 000 km en Opel Ampera

J'ai eu la chance d'être parmi les premiers à prendre possession d'une Ampera en France début décembre. Il est difficile de résumer 6 mois en quelques lignes, c'est pourquoi je me contenterai des points qui sont à mon avis les plus importants.

Opel Ampera

Cela fait six mois, jour pour jour, que j'ai les clefs de mon Ampera. Coïncidence ou non, j'arrive ces jours-ci également à un kilométrage à peu près rond : 15 000. Sur ces 15 000 kilomètres, à peu de choses près 5 000 ont été parcourus grâce à de l'électricité puisée à diverses prises de courant, et 10 000 avec de l'électricité produite par le prolongateur.

Deux tiers des trajets sur le prolongateur, ca peut paraitre beaucoup. Mais j'habite en Alsace à 750 km de l'épicentre de ma famille, et j'ai l'habitude de me rendre au début du mois de janvier en Bretagne (non, pas pour me baigner!). Donc 10 000 km, après tout c'est assez vite arrivé. D'autant plus que sur autoroute, le prolongateur est étonnement discret pour un bloc essence de 1,4l disposant de 80ch pour faire avancer 1,7 tonnes, à défaut d'impressionner par sa sobriété (compter entre 6,8 et 7,5l/100km à 130km/h réels, ce qui n'est pas non plus excessif). A vitesse stabilisée il évolue à un régime assez bas et on a l'impression d'être dans une voiture de la taille au-dessus. Il ne se fait entendre que lors des accélérations (insertion sur l'autoroute, péage). J'ai d'ailleurs pris l'habitude de repasser sur la batterie pour ces cas-là afin de nous maintenir, mes passagers et moi, dans une douce quiétude. Le mode maintenir est vraiment impeccable pour cela.
Car l'Ampera dispose de quatre modes de conduite : Normal, Sport, Montagne et Maintenir. Le mode Sport est similaire au mode Normal, à cela près que la réponse de la pédale d'accélérateur est immédiate, alors que dans les autres modes elle est adoucie pour la rapprocher du toucher de pédale d'une voiture conventionnelle. La différence entre les autres modes se situe au niveau du déclenchement du prolongateur d'autonomie qui, quand il tourne, régule le niveau de batterie. En mode Normal, il ne se déclenche pas tant que le niveau de batterie n'est pas tout en bas. En mode Montagne, il se déclenche plus tôt et régule le niveau de batterie un peu au-dessus. En mode Maintenir, le prolongateur va réguler le niveau de batterie à ce qu'il est au moment du basculement dans le mode maintenir. Ainsi on garde de l'autonomie batterie pour plus tard. Dans le cas dont je parle plus haut, je passe en mode maintenir dès que je suis à vitesse stabilisée sur l'autoroute, et je repasse en mode Normal environ un kilomètre au moment des péages.
Car quand on roule sur la batterie, c'est un vrai régal. On passe de 0 à (choisissez un chiffre entre 0 et 160) km/h dans une poussée continue. Pour peu que le revêtement soit de qualité, on a l'impression que la voiture flotte au-dessus de la route, comme un tapis volant (et quand c'est enneigé, c'est encore mieux!). C'est extrêmement confortable, et grisant, car le moteur électrique de 150ch (111kW) ne manque pas de ressources. Si la route et le décor sont dégagés, on peut être rapidement à plus de 100km/h sans s'en rendre compte : pas de bruit de moteur, pas de passage de rapport pour nous rappeler qu'on prend de la vitesse. Mais c'est une question de point de vue : j'ai récemment discuté avec un autre conducteur d'Ampera qui disait que ca le faisait plutôt rouler moins vite.

Ce qui est sûr, c'est que cela ne laisse pas les néophytes indifférents. Et à vrai dire, j'aime le "oh" poussé par une personne qui a pris place pour la première fois dans la voiture et qui est étonnée qu'elle avance sans bruit. Il m'est même arrivé d'avoir un passager arrière qui avait tout simplement oublié de mettre sa ceinture. "Je suis bien assis, le fauteuil est confortable, et comme ça fait pas de bruit, je n'ai pas l'impression d'être dans une voiture."

L'aspect économique de la conduite sur la batterie est également très intéressant. Chaque kilomètre sur la batterie me coute cinq fois moins qu'un kilomètre sur le prolongateur. Et les gens chez qui je déjeune ou dors sont rarement rétifs à ce que je branche ma voiture à l'occasion. Il y a certainement un peu de curiosité là-dedans, mais le faible coût d'une charge complête (12,5kWh, moins d'1€50 en heures pleines) y est aussi pour quelque chose. Et avec une charge on fait sans effort plus de 60km en urbain ou extra-urbain au printemps (en hiver, le chauffage est vorace en autonomie sur batterie). Même si la charge complête prend six heures, ca se passe la nuit et ce n'est pas du temps que l'on perd. Le temps que ca prend réellement, c'est 5 à 10 secondes pour brancher ou débrancher la voiture. En répétant cette manoeuvre tous les jours pendant deux semaines, ca prend moins de 5 minutes en cumulé. Et on fait 900 km à la seule force des électrons. Dans un sens, c'est plus rapide que de faire un plein de gasoil et moins cher ( Et les têtes qui se tournent sur mon passage aussi. Une fois, en ville, j'ai vu un jeune homme prendre une photo dans ma direction. Je regarde dans mes rétroviseurs, autour de moi. Non, c'était bien ma voiture qu'il prenait en photo. Et puis, c'est personnel mais je ne me lasse pas de sa ligne et je pense encore en la voyant "Whah, ça c'est ma caisse!"

Et puis l'entretien de la voiture est réputé moins cher aussi. Il faut dire que la récupération d'énergie au freinage est très efficace et économise considérablement les plaquettes de freins : Mes jantes avant ne sont pas encore marquées de noir, même si j'ai fait plus de 6000km avec (j'avais chaussé des roues hiver l'hiver). Et niveau vidange, elle est également économe. J'ai donc roulé 10 000km sur le prolongateur et mon huile a encore une durée de vie de près de 70%. A ce rythme, je ne passerai pas au garage avant les 45 000km.

Opel Ampera
Durée de vie d'huile restante et jantes à peine noircies

Je pourrais aussi parler du comportement de la voiture en ville. Ce n'est pas vraiment une citadine et ses porte à faux avant et arrière demandent un petit temps d'adaptation. Heureusement que l'aide au stationnement et la camera de recul sont là. Les riverains doivent apprécier que la voiture évolue sans bruit. Derrière le volant on apprécie de faire bondir la voiture au feu, sans rugissement vulgaire, et de conduire quasiment qu'avec la pédale de droite grâce à la position L (qui maximise la récupération d'énergie au lever de pied). Pour les piétons, il faut avoir à l'esprit que la voiture ne fait pas de bruit et utiliser à bon escient le bup bup d'alerte piéton. Je pensent qu'il préfèrent ça qu'une voiture qui leur crache de la fumée à la figure. Et quand la batterie est vide, j'ai enregistré des consommations en ville entre 5 et 5.5l/100km.
Quand on sort de ville, on apprécie de n'entendre qu'un bruit de pneus assez étouffé. Quand on est sur le prolongateur, les variations de régime du moteur thermique sont inhabituelles, parce qu'elles interviennent à retard. Après que la puissance ait été envoyée aux roues quand on accélère. Et quand on ralentit, le thermique peut continuer de tourner au même régime, ce qui peut donner l'impression qu'on ne ralentit pas. Mais on s'y fait, tellement que quand je reviens sur une voiture conventionnelle je suis surpris que ce soit l'inverse : le bruit avant l'accélération. La consommation reste contenue à des niveaux comparables à la consommation en ville, et sur des voies rapides à 110km/h, on reste sous les 6 l/100km.

Pour autant, quelques détails apportent des nuages à ce ciel bleu de la route en Ampera.
La bavette à l'avant de la voiture est très basse pour des raisons d'aérodynamique, mais elle frotte sur des dos d'âne trop hauts. Un grattement rompt alors le silence dans lequel la voiture évolue. Heureusement, elle est flexible et ne casse pas.

Opel Ampera
A l'avant, la garde au sol est faible

Le rideau de coffre, tant décrié, n'est pas très pratique à l'usage. Mais pas en raison de son caractère léger qui lui est souvent reproché. Cela permet plutôt de surremplir le coffre sans perdre trop de visibilité arrière. C'est plutôt son caractère fixe qui est handicapant : il ne se relève pas avec la -si grande- porte de coffre, et du coup l'ouverture est assez étroite et il faut décrocher le rideau (à droite, à gauche) pour glisser des objets volumineux comme un valise.

Opel Ampera

L'accoudoir central me parait un peu trop en retrait, en raison des deux porte-gobelets, et je ne peux reposer le bras dessus, juste le coude. Dommage qu'il ne puisse coulisser. D'autant que le levier "de vitesse" n'aurait rien perdu à être plus petit.
La gestion de l'allumage des deux est trop liée à ce que l'allumage automatique pense. Si l'allumage automatique pense qu'il fait jour, le niveau de rétro-éclairage des compteur reste à fond (même si on allume les phares), et en passant en sans phares manuellement, l'éclairage de jours (DRL) à LED reste allumé. Si l'allumage automatique pense qu'il fait nuit, le niveau de rétro-éclairage des compteurs passe sur le niveau "nuit" (réglable), même si on passe en sans phares manuellement. D'ailleurs dans ce cas si on passe en sans phares manuellement, tout s'éteint, même les DRL.
Quelques petits autres détails sont surprenants. On peut ouvrir à distance les fenêtres avec la clef, mais pas les refermer (nécessité de démarrer la voiture pour cela). Les brefs coups de klaxons qui indiquent le branchement du chargeur, et dont l'indication est doublée par la boule verte sous le pare-brise, ne peuvent se désactiver (rentrer et brancher la voiture discrètement à 1h, pas possible).
Rien de bien méchant, et cela passe pour des broutilles quand je reconduis une voiture conventionnelle. C'est sans doute à ce moment-là qu'on se rend le mieux compte de l'avancée technique constituée par l'Ampera et de la simplicité de son utilisation. C'est un peu comme comparer Windows 95 à Windows 7.

Commentaires

Je possède l'Ampera moins longtemps que Herto et je partage globalement ce qui est dit.
Je voudrais rajouter 1 point positif concernant le mode "Sport" que j'apprécie de plus en plus en ville et avec lequel je ne consomme finalement pas beaucoup plus qu'en mode "normal". Ensuite 2 points à améliorer selon moi:
- la largeur du montant avant conducteur qui est vraiment trop importante et qui gène la visibilité dans les ronds-points (parmi la douzaine de voitures que j'ai conduites c'est la première dans laquelle je ressens une telle gêne)
- avec les températures qui remontent on regrette vraiment que les vitres électriques ne soient pas à impulsion pour toutes les vitres dans le sens de la remontée (ce n'est le cas que pour la vitre conducteur).

Il y a aussi des incohérences concernant l'affichage de l'écran central mais elles ont déjà été largement relevées sur le forum et je ne parle pas des problèmes de recharge avec le chargeur mobile qui rendent mécontents un certain nombre d'utilisateurs de l'Ampera.

Bien résumé HERTO

Bravo pour cet article, bien résumé, plein de bon sens et sans complaisance.
Le prix et la sobriété discutable du générateur thermique (problématique pour ceux qui roulent beaucoup en un jour): voilà les deux points qui m'empêche d'acquérir cette voiture remarquable. Les soucis de recharge me refroidissent aussi un peu. Mais ceux-ci ne seront sûrement que temporaires.

En complément, il n'est pas possible techniquement de prévoir la mise en place d'un crochet d'attelage remorque. Même si ce n'est que pour transporter quelques vélos.

Volt Noir Lyon

Je ne suis pas sûr qu'il soit impossible de mettre un crochet pour un porte-vélo. L'interdiction porte sur la traction, pas sur le système d'attelage lui-même, il me semble. J'ai déjà vu des Prius équipées de crochets, uniquement pour transporter des vélos.
Par contre, l'interdiction de mettre quoi que ce soit sur le toit est davantage un problème.